Rada |
Avant «Rada», j’avais écrit de nombreux
projets de films qui n’avaient jamais abouti. Donc là, sans scénario,
je me suis jetée à l’eau, en filmant de la vie, une vie
évidemment un peu particulière puisqu’il s’agissait
de Belgrade, une ville qu’on allait bombarder.
A L’ORIGINE DU FILM
J’étais consciente de vivre un moment historique et de la nécessité
d’en laisser une trace pour le futur sous l’angle qui était
à ma portée, c’est -à- dire, au plus près
des gens et du quotidien.
Enfant, quand on est détaché d’un univers, comme ce fut
mon cas dans le contexte de l’émigration de mes parents, on a tendance
à se positionner en observatrice de cet univers qui n’est plus
le sien. Je voulais ainsi rendre plus proche, à la société
française, auxquels j’appartenais, ce monde communiste, différent,
qui allait disparaître. Je permettais aux Français d’être
là où ils ne pourraient pas être; et maintenant avec du
recul, quant aux Serbes, de se remémorer leur passé.
Je trouvais que c’était rendre service à ce peuple que d’aider
à le faire connaître à l’extérieur. La France
et la Serbie, indépendamment du clivage politique de l’époque,
me paraissaient beaucoup plus dans le prolongement l’un de l’autre
que dans une opposition.
La familiarité et la proximité que j’avais avec Rada rendait
la caméra transparente. Moi, malgré tout, j’avais l’impression
de jouer un rôle mais pas les gens que je filmais. Je les sentais dans
leur vérité la plus pure. Hors cadre, sans maison de production,
à mon niveau amateur, je pouvais tout me permettre: la liberté,
la naïveté, les maladresses. C’était pratiquement mon
premier film, je m’imaginais réalisatrice et j’éprouvais
du plaisir à avoir cette audace malgré le contexte.